Le vendredi 17 janvier 2025, Jean-François Mary, Président d’Eaux & Vilaine, accompagné des élus du Bureau syndical, a présenté ses vœux lors de la traditionnelle cérémonie en présence des institutionnels et des agents.
Rétrospective de l’année 2024
À cette occasion, le Président a souligné l’engagement et la mobilisation des divers acteurs de l’eau tout au long de l’année 2024 : institutionnels, partenaires techniques et financiers, ainsi que les agents et membres d’Eaux & Vilaine.
Intervention de Jean-François Mary, Président d’Eaux & Vilaine.
Retrouvez ici l’intervention de Jean-François Mary, Président d’Eaux & Vilaine, sous forme d’interview réalisée par Aude de la Vergne, vice-présidente en charge de la communication.
Pouvez vous nous parler du chemin par couru depuis 2022 ?
Depuis 2022, année marquée par l’élargissement du périmètre de compétences d’Eaux & Vilaine, nous sommes maintenant organisés et structurés afin d’assurer l’évolution des missions et compétences.
Ces trois dernières années ont été consacrées en grande partie à la mise en place de la nouvelle organisation territoriale de la GEMA sur le Bassin en mettant la gouvernance et les équipes qui convient pour relever ce défi. Notre budget principal et nos effectifs ont été multipliés par trois.
Les élus du Bureau, du Comité syndical, des Comité territoriaux des 3 unités de gestion GEMA sont au travail afin de faire fonctionner la gouvernance. Eaux & Vilaine est bien en marche. Nous sommes donnés en modèle de gouvernance.
Vous venez de voir dans les interventions précédentes une partie des évènements et des réalisations de 2024. Mais n’oublions pas, il y a aussi tout ce qui est fait au quotidien par toutes les équipes de l’EPTB et c’est essentiel pour que tout fonctionne bien.
Je n’oublie pas nos membres, financeurs et nos partenaires, car tout cela est possible grâce aux contributions des adhérents d’Eaux et Vilaine et de l’accompagnement de nos financeurs (Agence de l’eau, Régions, départements, fonds verts…)
Notre gouvernance nous permet de travailler de manière décentralisée, dans la subsidiarité. C’est-à-dire travailler dans la transparence des opérations engagées sur commande des EPCI en bénéficiant de l’expertise d’Eaux & Vilaine (ingénieurs, techniciens, financiers) désormais renforcée avec des équipes quasi au complet.
Nous démarrons ainsi cette nouvelle année sur des bases solides pour entreprendre nos projets et des actions ambitieuses
Pouvez vous évoquer la révision du SAGE Vilaine ?
Comme l’an passé, la révision du SAGE Vilaine sera toujours au cœur de nos activités. Nous abordons dès ce début d’année, l’écriture finale de ce document qui structure la politique de l’eau menée sur le Bassin de la Vilaine. Il sera important d’avoir un SAGE le plus partagé possible par tous les acteurs du Bassin. C’est un exercice difficile qui s’illustre avec son ambition d’interdire l’usage des herbicides du mais sur une partie du bassin. C’est aussi le document de planification qui doit être pris en compte dans nos projets du territoire et d’urbanisme. Il est essentiel et incontournable. Il doit être bien dosé, répondre à la problématique de l’amélioration de la qualité de nos masses d’eau et permettre la poursuite d’un développement économique, démographique et d’une agriculture raisonnée.
Le SAGE, c’est bien mais concrètement que faisons-nous ?
Eaux & Vilaine agit pour mettre en œuvre la planification de la politique de l’eau mais également sur le volet opérationnel pour atteindre nos objectifs d’atteinte de masses d’eau en bon état écologique. C’est le travail entrepris par nos unités GEMA comme les syndicats CDI, GBO… sur tout le Bassin. Nos équipes sont bien au travail et de belles opérations sont menées ou réalisés sur nos territoires.
Qu’en est -il de la biodiversité ?
En parallèle, nous avançons sur la structuration de nos missions au service de la biodiversité qui est en lien direct avec la bonne qualité des milieux aquatiques. Notre Bureau syndical s’est enrichi d’un Vice-Président (Patrick Le Diffon) qui illustre notre volonté d’agir sur cette thématique essentielle. Elle s’appuie sur nos actions historiques comme Natura 2000 Marais de Redon qui vient de fêter ses 20 ans, Natura Estuaire/Baies de Vilaine ou nos actions sur les poissons migrateurs et sans oublier la problématique des espèces invasives. Il nous faut maintenant définir une stratégie « biodiversité » afin de mieux la prendre en compte dans tous les projets.
Quel rôle joue Eaux & Vilaine en matière d’eau potable ?
Nous avons effectivement une mission historique et essentielle pour notre bassin. Nos actions sur les milieux contribuent à la bonne qualité et quantité de nos ressources. Nous sommes aussi producteur et transportons l’eau potable nécessaire à tous les habitants (1,5 millions) et à toutes les activités économiques, au-delà de notre Bassin. Nous venons avec le SMG35 de mettre en service l’aqueduc vilaine atlantique qui illustre notre rôle pour sécuriser l’approvisionnement de l’eau potable d’un large territoire allant du Morbihan, de la Loire Atlantique et maintenant les autres productions d’Ille-et-Vilaine mais également notre usine en période estivale.
Quel rôle joue les grands barrages ?
L’actualité récente nous rappelle le rôle des grands barrages où des travaux importants de maintenances sont engagées. Ce sont des ouvrages multi usages avec un rôle de régulation des crues très important.
Où en sommes-nous sur le risque inondation ?
L’année 2024 et ce tout début d’année montrent bien que le risque inondations est toujours présent comme d’ailleurs sur d’autres bassins particulièrement touchés toute cette année en France comme à l’étranger. Sur le bassin de la Vilaine, nous continuons à agir pour prévenir les inondations en préparant le PAPI IV et mettre à jour les protocoles de transfert de compétences PI ce qui permet de lancer des travaux sur le territoire de la Communauté de Communes de Châteaubriant-Derval et ici même autour de Redon.
Mais il y a aussi les périodes de sécheresse ?
A contrario, il ne faut pas oublier les périodes de sécheresse comme celle de 2022. Nous y travaillons en ayant lancé des études HMUC qui préfigurent une gestion sobre de la ressource partagée. Lors de cette période d’étiage sévère, nos grands barrages jouent un rôle de régulation essentiel à l’échelle du Bassin et particulièrement le Barrage d’Arzal permettant de stocker 50 millions de m3 d’eau douce. Ce volume est évidemment à préserver et c’est ce que nous faisons en lançant les travaux afin d’équiper l’écluse d’Arzal d’un système anti-salinité. II va nous falloir 2 hivers pour les réaliser ce qui nous permettra de préserver dès 2027 une ressource indispensable en crise sécheresse mais aussi d’assurer une continuité de la navigation estuarienne de la Vilaine
Comment se présente 2025 ?
En 2025, le plan de charge d’Eaux & Vilaine sera encore très conséquent mais dans un contexte économique complexe avec des besoins importants d’actions sur le territoire national et du bassin Loire Bretagne. Les questions autour de l’eau se posent partout notamment depuis la sécheresse de 2022 et des inondations toujours plus violentes.
Quelles difficultés se présentent pour appliquer le 12ème programme de l’agence de l’eau Loire-Bretagne ?
Le nouveau programme de l’agence de l’eau Loire-Bretagne a été élaboré en intégrant le Plan « Eau » présenté par le Président de la République avec ces 53 mesures.
Les décisions pour financer ce plan eau prises sont hélas aujourd’hui remises en cause.
Le nouveau programme de l’agence d’eau confirme en partie le niveau d’ambition engagé par Eaux & Vilaine mais impacte négativement le financement nécessaire pour lutter contre les pollutions diffuses.
Dans une situation économique dégradée, nos financeurs : Départements, Régions sont en grandes difficultés pour mener leurs politiques de subvention et nos membres EPCI sont également impacter pour construire leur budget.
Comment faire ?
Nous devons optimiser nos actions car cette situation nous amène une inquiétude sur nos capacités à faire. Nous devons revoir le modèle de financement du grand cycle de l’eau (fiscalité plus solidaire, petit cycle, PSE…).
Comment se présente le changement nécessaire des pratiques agricoles ?
Il se pose beaucoup de questions pour accompagner les changements de pratiques de nos agriculteurs. L’évolution du modèle agricole est pourtant une condition indispensable pour la réussite de nos actions et bien sûr ce sujet ne se pas l’échelle de notre Bassin mais bien au-delà.
Le récent rapport des Ingénieurs généraux montre bien les conséquences de l’usage des pesticides en France et en Europe, mais surtout l’urgence d’agir et du manque d’efficacité des actions menées à ce jour.
Nous devons avoir les moyens financiers et réglementaires pour agir. Le compte n’y est pas. La priorité va vers les Aires d’Alimentation de Captage prioritaires qui doivent être protégés ? Etudes DPR2 ? PSE… On parle en million d’euros par an. Qui va payer ? El l’agriculture doit être un partenaire associé, qui adhère et avance. Eaux & Vilaine ne pourra aller au-delà de son rôle lié à la taxe GEMAPI.
Qu’en est-il de la prospective budgétaire à Eaux & Vilaine ?
Enfin, cette année 2025 sera en partie consacrée à travailler sur nos prospectives budgétaires, sur nos futurs programmes GEMA et PI afin d’intégrer toutes ces nouvelles contraintes financières tout en gardant des objectifs ambitieux. La priorisation de l’action, la recherche de nouvelles recettes et la maîtrise des dépenses seront indispensables pour mener nos travaux. Il nous faut préparer un futur mandat pour garder la dynamique engagée. Eaux & Vilaine devra relever ces nouveaux défis.
Malgré ces nuages à l’horizon, nous avons toujours des belles réussites devant nous et nous avons des objectifs ambitieux pour 2025.
Je remercie tous les collègues du bureau du comité syndical, des Unités de Gestion Vilaine, notre directeur, tous les agents et nos partenaires (financiers, de projets…).
Je vous souhaite une belle et heureuse année 2025. Je souhaite une eau pure, le plus possible.