Barrage estuarien d’Arzal

Barrage d’Arzal © Compagnie des Ports du Morbihan

Inauguré en 1970, le barrage estuarien d’Arzal-Camoël était destiné, à l’origine, à protéger Redon (35) contre les inondations, en empêchant la marée de remonter La Vilaine. Si cette mission est restée fondamentale, la réserve d’eau douce de 50 millions de m3 créée grâce à cet ouvrage, a très vite été utilisée pour l’alimentation en eau potable. Au fil du temps, le barrage est devenu la clé de voûte d’un système parfois complexe où les différents usages de l’eau imposent une approche globale et intégrée de sa gestion.

Genèse du projet

L’idée d’un barrage estuarien sur la Vilaine remonte aux années 30, suite aux crues catastrophiques de 1926 et 1936. Il s’agissait principalement de protéger la Ville de Redon (35) contre les inondations en bloquant la marée en aval du fleuve pour faciliter l’évacuation des crues.

Le projet, stoppé par la guerre, reprend vie dans les années 60. A l’objectif initial de protection contre les crues s’ajoute le développement de l’activité agricole. En permettant de dessaler les marais de Redon et en réduisant leur durée de submersion, le barrage rend exploitables les terres gagnées pour l’agriculture. L’idée d’utiliser la réserve d’eau douce pour produire de l’eau potable, sous-jacente dès les études de conception, n’émergera « officiellement » que plus tard.

Les premières études de faisabilité ont lieu au début des années 60. Le chantier démarre en 1965 et l’ouvrage est mis en eau en 1970. Il est constitué des principaux équipements suivants, de la rive droite vers la rive gauche : une écluse et un pont mobile levant permettant le passage des bateaux, 5 vannes d’évacuation, une passe à poissons et une digue de fermeture de la Vilaine.

Un ouvrage multi-usages

La construction du barrage a profondément modifié le fonctionnement de la Vilaine dans son cours aval et avec le temps les usages se sont multipliés : évacuation des crues, production d’eau potable, navigation, agriculture, gestion environnementale des marais…

Si en période normale (printemps, automne), les usages peuvent être satisfaits sans difficulté particulière, il n’en est pas de même pendant les crues du fleuve ou lors des étiages (périodes de faible débit), où les conflits ne sont pas rares.

En période de crue de la Vilaine, l’évacuation des débits demeure prioritaire. Cet impératif peut gêner la navigation, voire entraîner son interdiction lors des grandes crues.

En période d’étiage, c’est l’approvisionnement en eau qui prime. L’intrusion d’eau de mer dans la ressource contrôlée par le barrage, du fait des éclusages, peut entraîner des élévations de salinité incompatibles avec la production d’eau potable.
Malgré l’existence d’un dispositif de siphonnage des eaux salées, efficace mais très consommateur d’eau douce, des restrictions d’éclusages peuvent être décidées, pénalisantes pour la navigation et mal vécues par les plaisanciers.

Les autres ouvrages

Eaux & Vilaine gère également d’autres ouvrages implantés sur le cours de la Vilaine aval et situés dans le périmètre d’influence du barrage d’Arzal :

  • Le pont de Cran
    Cet ouvrage routier, mis en service en 1964, traverse la Vilaine au niveau du village de Cran, et assure la jonction entre les communes de Saint-Dolay (56) et Rieux (56). Il est composé d’une travée mobile de 23 mètres exploitée par Eaux & Vilaine, permettant le passage des bateaux.
Pont de Cran
  • Le vannage de l’Isac
    Implanté sur la partie aval du cours d’eau, il régule les niveaux sur près de 250 ha de marais entre Guenrouët (44) et la confluence avec la Vilaine. Le règlement d’eau, débattu chaque année en comité de gestion, vise à maintenir des niveaux élevés sur les marais en hiver pour la reproduction du brochet, et plus bas en été pour préserver l’activité agricole.
Vannage de l’Isac
  • Le vannage du Trévelo
    Situé au niveau du port de Foleux entre Béganne (56) et Péaule (56), il contrôle près de 300 ha de marais à l’amont immédiat de la confluence avec la Vilaine. Les objectifs de gestion sont analogues à ceux de l’Isac : niveaux bas en été pour favoriser les pratiques agricoles extensives, niveaux plus hauts l’hiver pour maintenir les équilibres biologiques et hydrauliques.