Une écluse anti-salinité innovante à Arzal

Savez-vous qu’au moins 16 000 bateaux franchissent chaque année l’écluse d’Arzal, principalement de juin à septembre ? Historiquement, le barrage était destiné à protéger des inondations. Aujourd’hui, l’ouvrage offre une réserve d’eau douce qui alimente en eau potable 1 000 000 d’habitants. Or lors des éclusées, de l’eau salée peut entrer dans la réserve d’eau douce, potabilisable. En période de sécheresse, on observe alors des pics de chlorures qui ne peuvent pas être éliminés par la filière de traitement. Le projet d’Eaux & Vilaine : adapter l’écluse pour créer un sas anti-salinité.

Le barrage d’Arzal-Camoël, un ouvrage historique aux multiples usages

Inauguré en 1970, le barrage estuarien d’Arzal-Camoël était destiné, à l’origine, à protéger Redon (35) contre les inondations, en empêchant la marée de remonter La Vilaine. Si cette mission est restée fondamentale, la réserve d’eau douce de 50 millions de m3 créée grâce à cet ouvrage, a très vite été utilisée pour l’alimentation en eau potable.

Aujourd’hui, l’usine de production d’eau potable de Vilaine Atlantique est la plus importante de Bretagne. Elle alimente environ un million d’habitants lors des pointes estivales.

Au fil des années, la navigation de plaisance s’est également très fortement développée : 16 000 bateaux franchissent chaque année l’écluse d’Arzal, principalement de juin à septembre. Une importante activité économique s’est déployée autour de la plaisance et du tourisme, favorisant la visibilité du site et l’attractivité du territoire.

Écluse d’Arzal © Compagnie des Ports du Morbihan

Des éclusages perturbés lors des sécheresses

Chaque éclusée entraîne des intrusions d’eau salée dans la réserve potabilisable. Un système de siphons installé en amont du barrage permet de les évacuer en estuaire, mais ce dispositif n’est pas efficace à 100% et est très consommateur d’eau douce. Les eaux salées non captées se diffusent jusqu’à l’usine de Vilaine Atlantique.
Or, en période de forte sécheresse, on observe des pics de chlorures. Ces molécules ne peuvent pas être éliminées par la filière de traitement de l’usine et peuvent générer des sous-produits toxiques pour la santé.
La seule solution pour limiter les risques : restreindre l’utilisation de l’écluse, voire la fermer complétement, à l’image de l’été 2022.

Une première en France !

Le projet : adapter l’écluse actuelle pour créer un « sas anti-salinité » dans lequel les eaux salées seront remplacées par de l’eau douce avant l’entrée des bateaux en Vilaine. Cette substitution sera réalisée à l’aide d’un système combinant une station de pompage et une nouvelle porte implantée en amont du pont routier.

En période de sécheresse

Lorsque les débits de la Vilaine chuteront, le mode « anti-salinité » sera activé pour les écluses montantes. Les eaux salées seront pompées en fond d’écluse et renvoyées en estuaire, pour être remplacées par de l’eau douce en partie supérieure grâce à la nouvelle porte.
Dans sa configuration anti-salinité, l’écluse sera de dimension plus réduite, mais la fréquence des éclusages sera augmentée de façon à conserver, voire accroître la capacité de trafic globale.
Les écluses descendantes ne nécessiteront pas de système anti-salinité.

En dehors des sécheresses

Lorsque les débits de la Vilaine seront suffisants, le fonctionnement en mode « anti-salinité » ne sera pas nécessaire et la nouvelle porte « s’effacera » dans le fond du sas.

Les bénéfices attendus

  • La sécurisation de l’alimentation en eau potable.
    La nouvelle technologie supprimera quasi-totalement les introductions d’eau salée dans la réserve d’eau douce. Les risques pour la santé humaine liés à la formation de sous-produits toxiques lors de la potabilisation, seront ainsi évités.
    Dans un contexte de changement climatique où les épisodes de sécheresse seront plus fréquents et plus intenses, le nouveau système sécurisera la ressource avec 400 000 m3 d’eau douce économisés chaque jour.
  • La fiabilisation globale de l’écluse.
    Les siphons ne seront pas abandonnés, mais conservés en secours lors des opérations de maintenance sur le nouveau procédé.
  • La fluidification du trafic de plaisance.
    Le nouveau système permettra d’augmenter la fréquence des éclusages pour s’adapter au trafic « en temps réel ». En période de pointe, un éclusage par heure pourra être réalisé sur des amplitudes journalières plus importantes qu’actuellement (entre 7h et 22h). Lorsque le trafic sera moindre, les horaires d’éclusages les plus favorables pour la navigation (à pleine mer) seront systématiquement privilégiés.
  • Une meilleure gestion du trafic routier.
    En mode anti-salinité, les éclusages seront concentrés à l’aval de la route. Les interruptions du trafic routier seront ainsi minimisées, ce qui permettra d’augmenter le nombre d’éclusages quotidiens.

Le calendrier des réalisations

  • Consultation des entreprises

    Fin 2024

  • Attribution du marché

    Mai 2025

  • Démarrage des travaux

    Juin 2025

  • Mise en service de l'écluse

    Eté 2027